Portraits étudiants

8 février 2022

Entrevue avec 4 chercheur.euse.s de la communauté en santé

Nadine Beauger

  • Présidente-Directrice générale, IRICoR

Quel est le rôle de votre organisation dans l’écosystème de la santé (numérique) et en quoi est-il déterminant?

IRICoR, l’organisation que je dirige, est un Centre d’excellence en commercialisation et en recherche spécialisé en découverte de médicaments. Nous identifions les projets académiques les plus prometteurs à travers le Canada et leur donnons accès à du capital financier et humain pour atteindre leur prochain point d’inflexion de valeur en vue d’établir des partenariats avec l’industrie biopharmaceutique et de créer de nouvelles entreprises.

L’accès aux nouvelles opportunités technologiques qu’offre la santé numérique est un facteur important dans la création de solutions thérapeutiques hautement novatrices.

Notre modèle flexible de développement de projets nous permet d’identifier les expertises complémentaires permettant d’inclure le savoir-faire en intelligence artificielle dans des projets de découverte de médicaments. On parle entre autres d’expertise en bioinformatique dans des projets axés sur la médecine de précision, en chimie computationnelle/virtuelle dans des projets axés sur la synthèse de petites molécules par des équipes de chimie médicinale.

Quel projet avez-vous développé récemment qui vous a fait sortir de votre zone de confort?

Mon implication au comité exécutif du Projet DHDP me fait sortir de ma zone de confort et, par conséquent, me fait aussi découvrir des pistes potentielles inusitées pour les projets que nous développons traditionnellement chez IRICoR.

Schallum Pierre

  • Conseiller ÉDI, éthique et innovation – Institut Intelligence et Données (IID), Université Laval
  • Membre du comité d’éthique du CHU de Québec – Université Laval.

Quels sont vos intérêts de recherche?

Je m’intéresse aux problématiques éthiques liées à l’IA et à la chaîne de blocs.

Mes travaux de recherche portent notamment sur la question du respect de la vie privée dans les secteurs de la santé, des médias sociaux et du paiement mobile. Par ailleurs, dans l’objectif d’avoir un impact social, je contribue à des projets de recherche et développement, en collaboration avec des institutions comme le Centre hospitalier de l’Université de Montréal.

Un « fun fact » sur vous et/ou votre devise?

Lorsque j’étais plus jeune et vivais en Haïti, durant plusieurs années, la pratique de l’agriculture urbaine était mon passe-temps favori. J’ai même été, à un certain moment, éleveur de pigeons. Aussi, jusqu’à aujourd’hui, suis-je toujours fasciné par les chants d’oiseaux, d’où mon admiration pour des œuvres créatives traitant de ce motif comme celles de Jacques Stephen Alexis ou d’Olivier Messiaen.

Quel serait votre projet idéal de recherche collaborative?

Je pense à un projet qui se situerait à la croisée de la philosophie, de l’UX, des médias sociaux et de la science des données. Il viserait à mieux comprendre le phénomène de la désinformation et ses répercussions sociales particulièrement en santé. Enfin, les résultats qui en découleraient pourraient faciliter la création d’outils personnalisés de détection et de prévention.

Comment les domaines de la santé humaine, de la santé animale et de l’environnement pourraient vous être utiles dans vos recherches ?

Avec la place grandissante de l’internet des objets dans nos vies, des données massives en santé sont collectées automatiquement. Il y a toute une réflexion à mener sur l’enjeu de la traçabilité, une thématique de recherche qui me semble pertinente pour s’assurer autant de la qualité que de la sécurité des données.

Imourana Alassane-Kpembi

  • Professeur adjoint
  • Faculté de médecine vétérinaire – Département de biomédecine vétérinaire, Université de Montréal

Quels sont vos intérêts de recherche?

J’utilise de grands jeux de données de transcriptomique, de protéomique ou de métabolomique pour élucider la toxicité pour l’homme et les animaux des faibles doses de mycotoxines.

Les mycotoxines sont des métabolites produits par des moisissures qui se développent sur des produits végétaux ou dans des habitats insalubres. Ces toxines se retrouvent à l’état de contaminants naturels dans de nombreuses denrées d’origine végétale : notamment les céréales, mais aussi les fruits, noix, amandes, grains, fourrages ou ensilages, ainsi que les aliments manufacturés ou composés destinés à l’alimentation humaine et animale. On considère que 60 à 80% de la production agricole mondiale est contaminée par les mycotoxines, ce qui positionne ces contaminants de la chaine alimentaire comme un enjeu majeur de santé publique et de santé des cheptels. Des expositions à long terme à de faibles doses de ces toxines peuvent en effet induire chez l’homme un retard de croissance, un dysfonctionnement immunitaire ou contribuer à l’apparition de cancers. Chez les animaux d’élevage, elles entraînent en général une baisse de la productivité.

Quel serait votre projet idéal de recherche collaborative?

Un certain nombre de mycotoxines sont bien documentées et réglementées pour l’alimentation humaine et animale. Mais beaucoup d’autres sont dites « émergentes », car peu caractérisées ou récemment identifiées. Mon projet collaboratif idéal serait de monter un consortium pour établir l’occurrence de l’une de ces mycotoxines émergentes, et de caractériser sa toxicité afin de fournir les données nécessaires pour sa réglementation en alimentation humaine et animale.

Comment les domaines de la santé humaine et de l’environnement pourraient vous être utiles dans vos recherches ?

Le réchauffement climatique contribue à l’augmentation de l’occurrence des mycotoxines et du niveau de contamination des denrées. Pour étudier les effets des mycotoxines, mon modèle de prédilection est le porc. Cette espèce a un intérêt dual agronomique et biomédical. En effet, elle est très sensible aux effets des mycotoxines, mais elle est également physiologiquement assez proche de l’homme. Vous avez peut-être entendu récemment parler de greffes de rein et de cœur de porc à des humains. Les données scientifiques que nous générons dans cette espèce sont donc pertinentes pour la recherche vétérinaire, mais également transposables en santé humaine de façon relativement plus facile.

Claude Codjia

  • Professeur, département de géographie, Université Laval

Quels sont vos intérêts de recherche?

Mes intérêts de recherche sont la télédétection et l’environnement.

Un « fun fact » sur vous et/ou votre devise?

Ma devise : Toujours aller de l’avant.

Quel serait votre projet idéal de recherche collaborative?

Mon projet idéal de recherche collaborative serait un projet interdisciplinaire portant sur les questions de l’environnement et qui permettrait de renverser la vapeur relativement aux problématiques de dégradation de l’environnement.

Comment les domaines de la santé humaine et de la santé animale pourraient vous être utiles dans vos recherches ?

Je travaille entre autres sur des problématiques Environnement et Santé dont les îlots de chaleur urbains, le développement d’outils d’aide à la décision en matière de santé environnementale. Pour valider mes modèles et développer des outils plus précis, j’ai besoin de données géoréférencées de santé des populations.